-
Les éléphants
Pour le jeudi en poésie de Brunô:link
Les éléphants
Le sable rouge est comme une mer sans limite,
Et qui flambe, muette, affaissée en son lit.
Une ondulation immobile remplit
L'horizon aux vapeurs de cuivre où l'homme habite.Nulle vie et nul bruit. Tous les lions repus
Dorment au fond de l'antre éloigné de cent lieues;
Et la girafe boit dans les fontaines bleues,
Là-bas, sous les dattiers des panthères connus.
Pas un oiseau ne passe en fouettant de son aile
L'air épais ou circule un immense soleil.
Parfois quelque boa, chauffé dans son sommeil,
Fait onduler son dos où l'écaille étincelle.Tel l'espace enflammé brûlé sous les cieux clairs,
Mais, tandis que tout dort aux mornes solitudes,
Les éléphants rugueux, voyageurs lents et rudes,
Vont au pays natal à travers les déserts.D'un point de l'horizon, comme des masses brunes,
Ils viennent, soulevant la poussière, et l'on voit,
Pour ne point dévier du chemin le plus droit,
Sous leur pied large et sur crouler au loin les dunes.Celui qui tient la tête est un vieux chef. Son corps
Est gercé comme un tronc que le temps ronge et mine;
Sa tête est comme un roc et l'arc de son échine
Se voûte puissamment à ses moindres efforts.Sans ralentir jamais et sans hâter sa marche,
Il guide au but certain ses compagnons poudreux
Et, creusant par derrière un sillon sablonneux,
Les pèlerins massifs suivent leur patriarche.L'oreille en éventail, la trompe entre les dents,
Ils cheminent, l'oeil clos. Leur ventre bat et fume,
Et leur sueur dans l'air embrasé monte en brume,
Et bourdonnent autour mille insectes ardents.Mais qu'importent la soif et la mouche vorace,
Et le soleil cuisant leur dos noir et plissé?
Ils rêvent en marchant du pays délaissé,
Des forêts de figuiers où s'abrita leur race.
Ils reverront le fleuve échappé des grands monts,
Ou nage en mugissant l'hippopotame énorme,
Où, blanchis par la lune et projetant leur forme,
Ils descendaient pour boire en écrasant les joncs.Aussi, pleins de courage et de lenteur, ils passent
Comme une ligne noire, au sable illimité;
Et le désert reprend son immobilité
Quand les lourds voyageurs à l'horizon s'effacent.Leconte De Lisle (originaire de l'ïle de la Réunion et enterré dans le cimetière marin de St-Paul de la Réunion )
Voir aussi l'article chez Jeanne "Fadosi" link : "Eléphants en miroir"
-
Commentaires
Impressionnée ! et oui je croyais que tu avais pondu ça.... jusqu'à ce que je vois la fin et la signature.... je ne connaissais pas cette poésie.
Bonne fin de journée et gros bisous Marishka
Cent bissous et des clics longs pour toi ma belle Fanfan
Nettoue
en venant chez toi je découvre toujours de belles choses..parfois je passe...en silence.... juste pour le plaisir
Bisesq et belle fin de journée
Je m'en vais faire un lien dans mon billet de la semaine dernière vers celui-ci si tu n'y vois pas d'inconvénient.
Bises et belle fin de soiréeLeconte De Lisle nous fait si bien sentir (ressentir) l'Afrique que nous avons l'impression d'y être.
Continuez Madame...
Je prends du plaisir. Merci.
Je l'ai découverte grâce à mon fils et j'ai bien aimé; gros bisous
Merci pour les infos concernant Leconte de L'Isle.... Je ne connaissais rien de lui. Grâce à toi je suis un peu moins bête ce soir....
Bisous Fanfan !salut
ce sont des animaux que j'aimerais voir en liberté
mais pas pour les chasser
bonne soirée$$$pour te répondre dans cette région tu n'a pas le choix, c'est cela ou rien !!!
Merci à toi pour cette découverte
Bisous à toi, et clic
NettoueCela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu un poème de ce grand poète ! Merci de l'avoir "déterré" sans mauvais jeu de mots !
bises
Je suis flattée que tu le mettes en lien , je vais faire de même ; bisesMerci pour la découverte de ce poème ! L'éléphant est un animal impressionnant. J'ai fait une balade à dos d'éléphant en Thaïlande et je n'étais pas fière. Bisous !
merci
Ajouter un commentaire
Il est beau ce poème de Leconte de Lisle.
BISOUS